Désir de besoin…

J’ai besoin d’être et le désir étant une envie de quelque chose qui n’est pas essentiel, ça se complique dès le départ !

Gaston Bachelard a écrit « L’homme est une création du désir, non pas une création du besoin ». Je crois bien que l’univers nous propose un chemin semé d’embûches depuis bien longtemps. 

Mon désir est standard, irrationnel, obsédant et impossible à satisfaire. Tout simplement un manque que rien ne peut combler. Et constamment, la possession de cet objet de désir s’accompagne de déception ou de frustration.

Me voilà donc devant une feuille blanche à créer une liste de mes besoins. Moi, je n’ai jamais eu ce désir, ce doit être quelqu’un qui ma forcé à le faire. Je vais donc énumérer tous mes besoins actuels par nécessité, obligations ou choses essentielles au fonctionnement optimal de mon être. Je vais rester très vigilant à tous ces désirs qui me parasitent, ces envies qui ne sont pas essentielles et je ne vais pas les confondre avec des besoins. 

Je m’imagine en grand bâtisseur et je rêve d’une pyramide que je construis à mains nues et surtout en pleine conscience. Il n’y a pas de porte d’entrée, ni de baie vitrée et surtout pas d’ascenseur. Tout fonctionne avec ma domotique psychique pour déléguer, évoluer, automatiser et sécuriser.

Il y a cinq étages, hiérarchisés entre mes besoins physiologiques, mes besoins de sécurité, mes besoins d’appartenance, mes besoins d’estime de moi et mes besoins spirituels. Tous ces étages sont accessibles à tout moment et restent interdépendants les uns des autres pour leur bien-naître.

À chaque fois que j’ai un doute ou bien que je bloque sur quelque chose, je repasse en boucle la différence entre le besoin et le désir : manger lorsque j’ai faim permet de satisfaire un besoin primaire. Une fois que j’ai mangé, le besoin disparaît.

Je n’aurais jamais pensé qu’un jour je rêverais d’une pyramide plutôt que d’un chateau et maintenant que je suis ma pyramide, mon désir de vivre dans un chateau aurait disparu…

Philippe Lafargue

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Deux-venir…

J’ai pris rendez-vous avec mon médecin généraliste pour faire un bilan. Je vérifie le protocole sanitaire avec la secrétaire, qui me conseille d’arriver avant l’heure, pour attendre le moins longtemps possible, d’être propre, de porter un masque, être vacciné et surtout, d’être en bonne santé !

Me voilà un jour de semaine, habillé avec mon costume du dimanche, devant mon médecin en blouse blanche. Je lui dis que je cherche quelque chose à l’intérieur de moi et je voudrais verifier les avantages et les inconvénients de faire une endoscopie, une colonoscopie, une IRM ou une radiographie. 

J’observe qu’il me fixe d’un regard étrange et finalement me demande : « Que cherchez vous ? » . Je lui réponds : « Je cherche mon enfant intérieur ».

Sans un commentaire, il me tend une ordonnance. Je ne comprends toujours pas avec quel di-a-gnostic (deux personnes qui n’y connaissent rien) il me prescrit des anxiolytiques alors que je ne suis même pas angoissé. 

Je suis en quête de réponses et à l’âge de la maturité, j’éprouve le besoin de retrouver un lien avec moi-même et mon enfant intérieur. Je sais que je ne peux pas retrouver le monde que j’ai perdu au travers des yeux de l’enfant que j’étais mais je suis motivé pour m’inscrire dans la vie d’une manière différente. 

Régulièrement, j’organise des face à face pour retravailler l’attachement primitif mère-enfant, proposer du maternant, rétablir la relation positive à l’image maternelle, recréer le lien à la vie et à la totalité. J’ai besoin, moi l’adulte, d’un enfant intérieur en bonne santé. Je veux qu’il balaie de sa mémoire d’innombrables injustices et qu’il ait la certitude que je l’accompagnerai toujours dans la réalisation de ses besoins.

Dernièrement, j’ai dîné avec mon enfant intérieur et au dessert, même s’il y a toujours un peu de maman là dedans, j’ai observé l’alchimie de la transformation s’opérer… À chacun sa cuillère, nous avons partagé le même gateau !

Philippe Lafargue

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Mort, Vie…

C’est un peu comme l’oeuf et la poule, qui a été le premier ? 

J’en ai eu assez d’être une poule mouillée et de me prendre la tête avec cette boucle causale. Hier, j’ai pris mon courage à demain pour aujourd’hui participer à ma première réunion de l’ AVA.

Connaissez vous l’ Association des Vivants Anonymes ? C’est une association multi-millénaire comme me l’a expliqué Syl-vie, l’âme soeur qui organise ce groupe de paroles. Me voilà à l’avant avec les derniers venus et je constate que ce n’est pas un petit groupe mais une foule d’individus très divers.

Sans préalable et sans modération, la discussion démarre fort avec le doyen très loin à l’arrière qui nous explique qu’il a tellement fait le mort toute sa vie qu’il est devenu un mort vivant. Sa voisine raconte avoir vécu une grande partie de sa vie les yeux fermés et maintenant elle a peur de les ouvrir et de voir la mort en face. Un autre vacille entre la vie et la mort, comment se coucher tous les soirs et peut-être trouver la mort au petit matin ? Un participant crie “ Je suis mort de faim “ et plusieurs hurlent à l’unison « Nous préférons mourir debout que vivre à genoux ». Un autre ne fait que changer de place car il a la mort aux trousses et il y a même un couple qui trinque au champagne « À la vie, à la mort ». Tout cela dure une éternité dans un bruit assourdissant. 

Soudainement, il y a un vent d’anges qui traverse la salle et fait sa récolte d’âmes perdues. J’en frissonne et je ressens des picotements sur tout mon corps. C’est un rappel à la vie. 

Quelque chose me dit, car, j’aime la vie, de ne pas perdre mon temps avec des pensées inutiles, « Mords la vie à pleine dents et rappelle toi de ne pas rêver ta vie jusqu’à en oublier de la vivre ».

Je regarde Syl-vie et dans son regard, je vois Renée qui est née une seconde fois. Je ne désire pas une double vie, juste une vie à vivre pleinement pour moi. Une vie où j’apprends à éliminer les certitudes pour accepter de savoir que je ne sais jamais…

Ce soir devant ma série préférée « OA », je me rappelle qu’après ma dernière gorgée de Mort subite vous pourrez me mettre en bière ! 

Philippe Lafargue

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Nom, prénom…

Au cours d’une journée, je me surprends à dire très souvent non et pourtant toutes les personnes que je rencontre ne connaissent pas mon nom. Bien sûr, il y a autour de moi des proches qui me connaissent et auxquelles je dis non. 

Ce que je trouve intéressant, c’est la demande de prénom. Quand je dis non, est ce qu’il y a un prérequis intérieur qui attend de partager l’intensité de l’émotion selon le besoin du moment ? Car entre un non coléreux, un non triste, un non peureux, un non joyeux et un nom de famille, il y a là tout un éventail de possibilités.

À vrai dire, avec un peu de résilience et en ne baissant jamais les bras, je peux mobiliser mon élan vital autour de ces émotions et aller de l’avant. Mais, je ne vais pas garder les bras en épouvantail car je ne me vois pas poursuivre mon chemin de vie en étant inconfortable.

Le nom de famille me semble bien difficile à éviter. D’abord, il y a son origine, puis il y a le poids des générations, des secrets, des fantômes, et enfin le passage obligatoire par un ovule et un spermatozoïde. En bref, l’ ADN, appelé gé-nom-e, c’est le vivant de l’Être.

Dans les réunions de famille, il y a vraiment beaucoup de monde. Je ne sais jamais quelle partie de moi veut être là ou laquelle veut fuir. La tempête familiale prend naissance dans certaines circonstances et peut évoluer en dépression. Ces jours là, je pratique l’effet de distanciation qui me permet de me dissocier de mon personnage et d’obtenir de ma famille un regard conciliant. Tout se joue autour de mon prénom, choix de mes parents et de mes ancêtres en toile de fond. Ils tentent d’assembler tout un tas d’émotions pour continuer l’empreinte transgénérationelle et réveiller les souvenirs quels qu’ils soient. 

Je connais la valeur de ces empreintes et moi qui aime les chevaux, je ne veux pas me trouver sous le sabot du cheval ! Peut être que je cherche l’inconnu dans ma quête de connaissance… La connaissance de mes propres besoins pour cesser de m’occuper de ceux des autres.

Alors dans tout ça, je dois m’interroger avant de poser mon prochain acte. En fait, quelle est la valeur de mon oui si je ne sais pas dire non … ?

Philippe Lafargue

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En principe…

Ce matin, j’ai parcouru le monde en noir et blanc. J’ai feuilleté un quotidien et après les informations que j’ai lues, il me reste sur le bout des doigts une odeur nauséabonde et des tâches d’encre. 

Pourtant, je m’étais bien installé au soleil avec mon petit café et ma tartine et j’avais décidé de démarrer la journée avec du plaisir.

J’ai des principes dans la vie et surtout deux qui me préoccupent. Le premier, le plaisir qui est pour moi le plus complexe. 

Mon café et ma tartine étaient bons parce que je les désirais… Pour le reste, je n’ai plus qu’à me laver les mains.

Ce qui m’amène au second, le principe de réalité. Je doute que le plaisir et la réalité se tiennent souvent la main comme deux amoureux. En fait, je ne suis pas sûr de savoir qui est le protagoniste et l’antagoniste et je pense qu’ils se nourrissent l’un de l’autre en permanence.

Il faut dire que la réalité devient une série à multiples épisodes avec tous ses « Fais pas ci, fais pas ça ». Et puis qui a écrit ce scénario ? J’en ai assez de passer des auditions.

Pour moi, l’époque du moi réel et du moi virtuel est révolue… J’abats la cloison. Bienvenue dans la réalité virtuelle !

Et comme l’union fait la force, le brassage, même sans levure, crée une réalité augmentée.

C’est super, je fais ce que je veux et quand je veux. Retour vers le plaisir… C’est moi avec moi, uniquement.

Je recommence à zéro. Sur mon smartphone, je commande café et croissant, sans contact. Je lis une douzaine de titres en ligne et je suis à jour du monde extérieur. J’immerge mon être dans un jeu video pour booster mon énergie. Ensuite je m’habille virtuellement et je fais un peu de décoration intérieure. En même temps, j’ai déjà communiqué et partagé des likes via les réseaux sociaux avec tous mes amis par centaines, c’est ma nouvelle grande famille.

Cette famille virtuelle m’a accueilli posts ouverts. Avec elle, fini les soucis transgénérationnels, les dîners et vacances en famille, maintenant y’a que du moi.

Pendant que je baigne dans le plaisir, quelqu’un sonne à la porte. Mon application infosphère géolocalise ce qui se présente. 

J’ouvre et je vois sur mon tapis de palier où est écrit « ne pas déranger », mon café et mon croissant et surtout je m’aperçois que je suis dans mon plus simple appareil. 

C’est vraiment étrange la réalité virtuelle. 

Je ne sais plus si la réalité existe quand elle est sans effet dans le présent. Peut être que le virtuel en fait une réalité par son potentiel.

Ma Fake News Alert me signale que je ne suis plus lucide avec mes rêves !!!

Philippe Lafargue

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