La route du Soi

Assis devant une mappemonde, je décide de faire le point sur ma route du Soi et j’espère que ça ne va pas me prendre des Moi. 

C’est mon autoroute à moi. J’ai ressorti ma boussole pour trouver le nord et chercher quelques re-pères sur mon chemin. Je me remémore des escapades dans le temps. Il faut dire que j’ai des difficultés avec le tout début. Neuf mois dans le noir, dans le ventre de ma mère, une obscurité totale où je faisais partie de l’univers. Et pourtant, je dois m’en tenir aux fameuses histoires de famille. Cette lumière qui m’aide à voir et percevoir ce qui m’entoure avec une certaine limitation. 

Je le sais, en tant qu’enfant je ne percevais pas le monde, j’étais le monde ; j’étais hors espace-temps, hier, aujourd’hui et demain étaient identiques. Je savais tout mais je ne savais pas ce que je savais.

Que s’est il passé et où me suis-je perdu ? 

Peut être trop d’erre de repos sur ma route et je me suis laissé emporter par le temps. Avec mon surmoi en télétravail, je suis devenu un décorateur acharné à la poursuite d’un monde parfait, une vie meilleure entourée d’une famille idéale débordant d’amour.

Je suis tombé dans le piège de l’et-moi illusionniste du monde virtuel tissé de réseaux sociaux qui m’éloigne de mon monde réel.

J’ai simplement oublié que pour être ce que l’on est, il faut d’abord être ce que l’on n’était pas.

J’ai besoin d’accéder à mon être universel, à mon appartenance au Tout, faire émerger mon Être véritable.

J’ai atteint un paix-âge. Ça alors ! il me faut une pièce d’identité. Heureusement, j’en ai une surmoi. Je regarde à coté de moi l’invisible qui projette un calme imperturbable sur ma véritable nature, loin des pensées subies et automatiques. Je ressens que c’est le calme mental, le total lâcher-prise. 

J’hésite et puis je m’autorise, j’enlève le masque, je traverse et maintenant face à moi sur un par-chemin est écrit en grand :

On a toujours besoin d’un petit moi chez Soi 

Philippe Lafargue

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Attendre

Il est urgent de ne rien faire ou bien il est urgent d’attendre.

En résumé, je ne fais rien en attendant. 

Je suis devenu un adepte de ces citations mais ne rien faire est impossible. J’ai besoin d’accueillir ce qui m’entoure et d’ entrer en résonance avec mes ressentis. 

L’autre jour, j’ai observé un jeu entre mon enfant intérieur et l’adulte que je suis. Il avait été décidé, à mon insu mais avec mon entière coopération, que ce jour serait divisé en deux. Chacun avait droit à douze heures pour faire ce qu’il voulait : à chacun son coté et sa moitié. Je pense que le but final était pour l’un d’eux, de cumuler le plus grand nombre d’heures quel qu’en soit le prix, et pour l’autre, à la recherche de preuves, d’en subir les épreuves.

Une journée de lutte, de déception et d’inachèvement. Me voici éprouvé par une grande fatigue. C’est après cette journée que j’ai compris qu’il est très acceptable et même recommandé de pratiquer la citation : il est urgent d’attendre. 

Quand mon enfant intérieur n’est pas en phase avec l’adulte en moi qui ne veut pas communiquer avec lui, ça devient le grand bazar. Chacun fait ce qu’il veut. Là, je souffre et plus je souffre plus je force.

Se faire du mal pour se faire du bien ou bien aimer se faire souffrir… Voici deux croyances auxquelles je n’adhère plus et pourtant, c’est tellement facile !

L’âme a dit, « Je te félicite pour ces observations, reste attentif à la relation entre ton enfant intérieur et toi, l’adulte. Comme tu as pu le constater, il est facile d’obéir à la souffrance et d’identifier un faux coupable. Mal-heureuse-ment, celle-ci te contrôlera et te gardera sur le même chemin. »

Ce que j’apprécie avant tout avec mon âme, c’est sa modestie et sa pédagogie silencieuse. Son silence me murmure sans cesse des solutions. Elle m’accorde le temps d’apprendre et d’évoluer à mon rythme.

Il y a pourtant quelques rappels à l’ordre avec la mal-a-die : je souffre donc je suis. Ce genre de bavardage, je le négocie très vite et même je l’évite avec hâte…

Philippe Lafargue

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Embouteill-Âge à la source

Ce matin très tôt, peut être trop tôt, je décide de me reconnecter à la source. J’éteins tous mes appareils électroniques et je m’installe confortablement dans la pénombre. Je ralentis mon rythme cardiaque et je capte l’image d’une sensation qui me libère. Je vais essayer la lévitation. 

Après des minutes, sans aucun doute seulement quelques secondes, j’entends le bourdonnement du réfrigérateur, une sirène de pompier dans la rue et je ressens une soudaine et insupportable envie de me gratter le nez. 

Là, j’ai tout de suite compris que je fais plutôt de l’évitation… 

J’avais oublié de déconnecter le brouilleur d’alerte ultra puissant qu’utilise mon mental. J’ai essayé de négocier mais rien à faire. Il m’avait parasité.

Je change de tactique car un affront direct avec mon mental est impossible. J’ai besoin de lui autant qu’il a besoin de moi. On est une équipe. Alors je décide d’aller faire un jogging et après quelques foulées et suffisamment échauffé, je demande à mon mental de se concentrer sur ma course, ma respiration et mon environnement. 

Le tour est joué : méditation en action instantanée. Je suis libéré du corps et j’ai l’esprit connecté à la source.

Je comprends que la source est liée à un nombre infini de départs qui se renouvellent constamment et comme il n’y a que le changement qui soit permanent, j’en profite. Et ça va vite, les pensées se croisent, les idées s’entrecroisent, les ondes sont pures et libres et le flux est très rapide.

Il faut que j’évite I’embouteill-âge à la source. Je ne veux plus garder ces moments précis de ma vie, les maintenir dans un contenant pour biberonner régulièrement et étayer ma névrose en permanence.

Pourquoi m’étancher à la fontaine quand je peux boire à la source ? Pas besoin de baguette, j’ai trouvé la mienne et il ne me reste plus qu’à la choyer et à la partager. 

Philippe Lafargue

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Phil-Harmonie

Aujourd’hui, j’ai décidé de monter sur scène et ce n’est pas un pari. Voilà plusieurs années que je répète et ce soir c’est la générale et moi je suis le chef.

Même si cela ressemble à une aventure je vais tout de même rester classique car l’orchestre que je dirige, ce ne sont que des parties de moi. Et dans le contexte actuel, je m’en sors bien avec le couvre feu et la distanciation car il n’y aura pas de public, pas de jugement, pas de revue qui presse. Je vais pouvoir tomber le masque…

J’ai un peu le trac quand je regarde la fosse. Je sais qu’il n’y a pas de lion, que toutes ces parties me veulent du bien, m’encouragent, qu’elles sont là pour enrichir ma culture intérieure et m’ouvrir des portes vers l’infini. J’aperçois même mon inconscient avec sa veste en queue de pie qui me fait un clin d’oeil. Jamais je n’aurais pensé que c’était un oiseau…à longues basques ! 

Je me lance, deux coup de baguette et je sors des bois, ça craque et ça frissonne. Je fais venir les cueilleurs de vents qui étirent les cordes entre les feuilles de musique et les font vibrer. Autour de l’eau, s’élève un tintamarre de cuivres qui sonne le glas. Le hautbois libère le solo de cordes qui enchante mon coeur. Je suis dans les cordes, je me sens uni vers l’uni. Mes doigts vibrent et je fais des boucles. J’entends le timbre grave du père-cussion qui accompagne la voix de la lyre sans se prendre pour Apollon. Je fais des arcs de cercle concentriques. Je ressens le souffle de vie, ses caresses, ses vibrato, je deviens un. Il n’y a plus personne dans la fosse, ce qui ne me rend pas du tout septique. Je ressens l’infini qui coule en moi, je me sens léger et j’accueille la simplicité du tout. 

La lumière m’éclaire et l’ombre m’accueille.

Philippe Lafargue

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