Nom, prénom…

Au cours d’une journée, je me surprends à dire très souvent non et pourtant toutes les personnes que je rencontre ne connaissent pas mon nom. Bien sûr, il y a autour de moi des proches qui me connaissent et auxquelles je dis non. 

Ce que je trouve intéressant, c’est la demande de prénom. Quand je dis non, est ce qu’il y a un prérequis intérieur qui attend de partager l’intensité de l’émotion selon le besoin du moment ? Car entre un non coléreux, un non triste, un non peureux, un non joyeux et un nom de famille, il y a là tout un éventail de possibilités.

À vrai dire, avec un peu de résilience et en ne baissant jamais les bras, je peux mobiliser mon élan vital autour de ces émotions et aller de l’avant. Mais, je ne vais pas garder les bras en épouvantail car je ne me vois pas poursuivre mon chemin de vie en étant inconfortable.

Le nom de famille me semble bien difficile à éviter. D’abord, il y a son origine, puis il y a le poids des générations, des secrets, des fantômes, et enfin le passage obligatoire par un ovule et un spermatozoïde. En bref, l’ ADN, appelé gé-nom-e, c’est le vivant de l’Être.

Dans les réunions de famille, il y a vraiment beaucoup de monde. Je ne sais jamais quelle partie de moi veut être là ou laquelle veut fuir. La tempête familiale prend naissance dans certaines circonstances et peut évoluer en dépression. Ces jours là, je pratique l’effet de distanciation qui me permet de me dissocier de mon personnage et d’obtenir de ma famille un regard conciliant. Tout se joue autour de mon prénom, choix de mes parents et de mes ancêtres en toile de fond. Ils tentent d’assembler tout un tas d’émotions pour continuer l’empreinte transgénérationelle et réveiller les souvenirs quels qu’ils soient. 

Je connais la valeur de ces empreintes et moi qui aime les chevaux, je ne veux pas me trouver sous le sabot du cheval ! Peut être que je cherche l’inconnu dans ma quête de connaissance… La connaissance de mes propres besoins pour cesser de m’occuper de ceux des autres.

Alors dans tout ça, je dois m’interroger avant de poser mon prochain acte. En fait, quelle est la valeur de mon oui si je ne sais pas dire non … ?

Philippe Lafargue

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